Par Pr Eric BOULANGER - Directeur médical du programme tempoforme®
Octobre 2025
Vaccination contre la grippe : un bouclier protecteur contre la démence ?
Une récente méta-analyse publiée en juillet 2025 dans la revue Age and Ageing, portant sur près de 10 millions de personnes, révèle un lien surprenant entre la vaccination antigrippale et la réduction du risque de démence vasculaire. Cette forme de démence est liée à des atteintes des vaisseaux sanguins du cerveau, souvent en rapport avec des facteurs de risque cardiovasculaires comme l’hypertension, le diabète ou le cholestérol élevé.
Une autre étude suggère également un effet protecteur potentiel contre la maladie d’Alzheimer, une affection neurodégénérative qui résulte de la détérioration progressive des cellules nerveuses.
Ces découvertes ouvrent des perspectives intéressantes : elles laissent penser que des gestes simples de prévention, comme la vaccination régulière, pourraient contribuer à préserver la santé cognitive et à favoriser un vieillissement en bonne santé.
La vaccination antigrippale : plus qu'une protection hivernale

Quand on pense au vaccin contre la grippe, on voit essentiellement la protection des poumons contre ce virus qui peut nous mettre à plat pendant 10 jours, voire plus. Mais certains chercheurs se sont demandés si ce vaccin avait un effet protecteur plus large, notamment sur le risque de survenue d’une démence.
Une méta-analyse : vaccination antigrippale et risque de démence vasculaire
Des chiffres qui parlent
Une équipe de chercheurs chinois a examiné huit études portant sur 9 938 696 personnes au total. Ils ont découvert que la vaccination contre la grippe agit différemment selon les profils de santé.
Chez les individus en bonne santé générale, l’effet protecteur contre la démence n’est pas significatif.
En revanche, chez ceux présentant des facteurs de risque, les résultats sont impressionnants. Les sujets atteints de maladies chroniques comme l’insuffisance rénale, les troubles respiratoires ou cardiaques voient leur risque de démence diminuer de manière notable.
Cette protection s’explique par les liens étroits entre ces pathologies et l’état de nos vaisseaux sanguins. Quand nos artères et nos veines fonctionnent mal, notre cerveau en souffre également.
L'effet dose : plus on se vaccine, mieux on se protège
L'étude révèle aussi un phénomène fascinant : l'effet dose-réponse. Plus une personne à risque accumule de vaccinations antigrippales au fil des années, plus sa protection contre la démence s'améliore.
Ainsi, avec 2 à 3 vaccinations, le risque diminue de 16%. Avec 4 vaccinations ou plus, cette réduction atteint 57%.
Cette progression suggère qu’une vaccination répétée pourrait renforcer la protection observée au fil des années, même si le mécanisme reste à préciser.
La démence vasculaire dans le viseur
L'analyse distingue deux formes principales de démence : la démence vasculaire et la maladie d'Alzheimer.
Dans cette étude, les résultats montrent que la vaccination antigrippale ne protège pas contre la maladie d’Alzheimer. En revanche, elle réduit significativement le risque de démence vasculaire jusqu’à 41%.
La démence vasculaire résulte de problèmes de circulation sanguine dans le cerveau.

Quand nos vaisseaux sanguins s'abîment ou se bouchent, certaines zones cérébrales ne reçoivent plus assez d'oxygène. Ces zones finissent par dysfonctionner, entraînant des troubles de la mémoire et des capacités intellectuelles.
Une autre étude : vaccination antigrippale et maladie d’Alzheimer
Concernant la maladie d’Alzheimer, une autre forme fréquente de démence, c’est une étude américaine qui montre un effet intéressant de la vaccination antigrippale.
Cette équipe a suivi près de 2 millions de personnes âgées de 65 ans pendant 4 ans, réparties en deux groupes équivalents en âge, sexe et état de santé. La seule différence était la vaccination antigrippale.
Les résultats sont éloquents : les personnes vaccinées avaient 40 % moins de risque de développer une maladie d’Alzheimer.
L’effet dose-dépendant observé montre que plus le nombre de vaccinations au fil des années est élevé, plus la protection est forte.
Ces données suggèrent que la vaccination agit non seulement en limitant les dommages causés par les infections, mais aussi en renforçant les défenses naturelles du cerveau contre la neurodégénérescence.
Comprendre le mécanisme : pourquoi la vaccination protège-t-elle le cerveau ?

Plusieurs hypothèses expliquent ces effets observés.
D’abord, la vaccination antigrippale possède des effets bénéfiques bien documentés sur le système cardiovasculaire. Elle réduit ainsi le risque d'infarctus, d'accident vasculaire cérébral et d'hospitalisation liée aux maladies cardiaques.
En préservant la santé de nos vaisseaux sanguins, elle contribue aussi à une meilleure irrigation du cerveau, ce qui protège contre la démence vasculaire.
Mais les chercheurs évoquent aussi un rôle possible sur le plan immunitaire et inflammatoire. En stimulant les défenses naturelles, la vaccination pourrait limiter les réactions inflammatoires chroniques impliquées dans les processus de neurodégénérescence, notamment ceux observés dans la maladie d’Alzheimer.
Autrement dit : ce qui protège le cœur et les vaisseaux pourrait aussi préserver la santé du cerveau.
Implications pratiques : qui peut bénéficier de cette protection ?
Les profils à risque prioritaires
Cette découverte concerne particulièrement les personnes présentant certaines conditions médicales. Les patients souffrant d'insuffisance rénale chronique, de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), d'insuffisance cardiaque ou de problèmes de gencives (parodontite) tirent le plus de bénéfices de la vaccination.
Ces maladies ont un point commun : elles fragilisent le système cardiovasculaire. Elles créent un état inflammatoire chronique qui accélère le vieillissement des vaisseaux sanguins.
La vaccination antigrippale semble en partie pouvoir contrer ces mécanismes néfastes.
Une stratégie de prévention accessible
La vaccination antigrippale présente l'avantage d'être largement accessible et recommandée.
Elle fait partie des mesures de prévention pour les personnes de 65 ans et plus et celles à risque de grippe sévère ou compliquée. En France, dans ces indications, elle est prise en charge à 100% par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.
Cette nouvelle découverte ajoute un argument supplémentaire en faveur de cette protection annuelle.
La vaccination s'inscrit parfaitement dans une démarche globale de préservation du capital santé. Elle complète les autres stratégies comme l'activité physique, l'alimentation équilibrée, un sommeil de qualité et le suivi médical régulier.
Ces deux études confirment que la vaccination antigrippale va bien au-delà de la simple protection contre la grippe :

- Elle réduit le risque de démence vasculaire chez les personnes à risque
- Elle pourrait limiter le risque de maladie d’Alzheimer à long terme.
En somme, un geste simple, accessible et répété chaque année peut avoir un impact majeur sur la santé cognitive et le vieillissement cérébral.
N’hésitez pas à en discuter avec votre médecin et à profiter du programme gratuit tempoforme® pour repérer vos fragilités physiques, cognitives et neurosensorielles.
Cette auto-évaluation rapide et personnalisée vous permet de mieux les détecter et d’adopter des actions concrètes pour préserver votre capital santé et de vieillir en pleine forme, en toute autonomie.
Sources :
- Wen-Kang Yang, Shih-Chieh Shao, Chia-Chao Liu, Ching-Chi Chi, Influenza vaccination and risk of dementia: a systematic review and meta-analysis, Age and Ageing, Volume 54, Issue 7, July 2025 https://doi.org/10.1093/ageing/afaf169
- Bukhbinder AS, Ling Y, Hasan O, et al. Risk of Alzheimer’s Disease Following Influenza Vaccination: A Claims-Based Cohort Study Using Propensity Score Matching. Journal of Alzheimer’s Disease. 2022;88(3):1061-1074. doi:10.3233/JAD-220361

















.png)










.jpg)




